Ex voie ferrée Autun Paris.Allez un peu de lecture , voyage au temps de la ligne...
PARIS – AUTUN par la ligne du Morvan
Devant me rendre à Autun le vendredi 7 décembre dernier, j’ ai décidé d’utiliser le chemin de fer par les voies traditionnelles de la ligne Impériale puis celles de Laroche-Migennes à Autun par Cravant-Bazarnes.
De nos jours où beaucoup de nos contemporains désirent être arrivés avant même d’être partis, où les moyens de transport utilisent le TGV et l'autoroute , j’ai le sentiment d’effectuer un voyage en France que d’aucun pourrait appeler d'anachronique.
Je dois avouer qu’aimant voyager en France à l’inverse de ceux qui ne désirent connaître de notre beau pays que les aires d’autoroutes, les centres commerciaux, les chaînes d’hôtels, les gares aussi froides que vides de vie, en un mot l’aseptisé à la sauce de l’indifférence, l’autorail d’Autun me propose un voyage aux couleurs des belles régions traversées, aux conversations inopinées, installé sur des banquettes en moleskine chamois et marron, à une vitesse qui permet d’apprécier la vallée de la Cure avec ses collines couvertes de bois et de rochers, la colline de Vézelay, les sommets boisés du Morvan et la vallée du Trévoux.
Après bien des difficultés pour obtenir depuis la capitale mon billet pour Autun, la ligne classique étant oubliée des ordinateurs de la SNCF, comme du reste l’accessibilité gratuite des vélos dans les guides TER, j’arrive enfin à obtenir un titre sur lequel ne sera pas inscrit les horaires du train entre Auxerre et Autun puisque inconnus… « A nous de vous faire préférer le train »…
A 12h27, je quitte la solennelle gare de Paris-Lyon par le 891009 dans une voiture corail +, rénovation réussie pour ce matériel de qualité, pour atteindre Laroche à 13h47. Une bonne correspondance me mène sur la voie J pour prendre le 892317 pour Autun…celui qui n’existe pas sur les ordinateurs !
Sur le quai, un agent SNCF et un chef de train à la casquette CFD, dans une gabardine bleue marine stricte renseignent chaleureusement le voyageur inquiet. En effet, nous avons une triplette de « caravelles » rouges et crème et depuis la disparition des plaques d’itinéraires, il est difficile de savoir rapidement pour le non initié quelles sont celles qui vont à Autun de celles qui se rendent à Clamecy ; les éléments se séparant à Cravant-Bazarnes.
A 14h02, le voyage au cœur frais de la France commence sous un soleil aussi chaleureux que la douce température que nous procure notre autorail. Les grandes baies vitrées nous invitent à contempler les beaux villages et paysages traversés, surtout après la grande gare à l’architecture soignée d’Auxerre-Saint-Gervais.
Les voyageurs montent et descendent dans les stations et haltes desservies ; un moine dans sa robe de bénédictin, une dame dans son élégant tailleur aux couleurs d’automne, un collégien en sweet et baskets non lacées, deux adolescents sur le nuage de leurs premiers flirts favorisés par les banquettes, un étudiant parisien à la mèche rebelle en Jean 501, une grand-mère au cabas surchargé... ; l’autorail continue sa voie au gré des klaxons caractéristiques.
Les petites gares témoignent d’un passé ferroviaire prestigieux, beaucoup ont perdu leur vocation originelle, quelques unes ont résisté aux vicissitutes du temps, Champs-Saint-Bris avec son passage à niveau manuel, Cravant-Bazarnes, gare de bifurcation avec la ligne de Corbigny où nos « Caravelles » sont séparées ; du pur PLM avec son poste Vignier de 1890 et sa potence mécanique qui, dans quelques jours laissera place à des signaux lumineux. Le X 4430 à 14h43 se dirige vers Autun ; la halte d'Accolay nous accueille dans son parterre de verdure, nous passons dans un tunnel creusé dans un promontoire escarpé entre deux ponts sur la Cure, Sermizelles-Vézelay dont la marquise est en restauration est la seule gare ouverte avant Avallon ; le paysage est superbe et le soleil des plus radieux, nous arrivons à Avallon où l’on aperçoit deux 66600 au logo VFLI, dans leur seyante livrée rouge « pompier » ; la BB 2004 une « Anglaise » des CFD termine sa carrière Française dans un orange délavé, au service des manœuvres. L’autorail se glisse sur le quai 2 au niveau de la belle marquise « parapluie » PLM ; le sobre bâtiment voyageurs, avec son ancien buffet, respire la grande et riche Compagnie.
Le guidon de départ du chef de service s ‘agite à 15h25. Nous prenons la partie la plus rurale de la ligne, c’est l’hiver, il fait froid et le soleil commence à s’effacer ; nous sommes moins nombreux dans notre autorail bien chauffé ; les petites gares nous font ici et là des clins d’œil ; Maison-Dieu qui a perdu sa bifurcation pour Les Laumes-Alésia depuis longtemps et sa voie d’évitement avec toutes ses installations récemment déposées, Sincey-Les-Rouvray qui, inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques est dans son état d’origine, avec ses cloches d’annonce, sa salle d’attente et ses guichets voyageurs et marchandises PLM. Cette magnifique gare, rare témoin de son époque mériterait d’être plus soignée ; un voyageur descend et « la micheline » comme la nomme affectueusement le français ordinaire, continue son chemin. Passages à niveau aujourd’hui automatiques et petites gares se succèdent , nous marquons l'arrêt à La Roche-en-Brenil où nous croisons le TER 892636 pour Avallon. Beaucoup de wagons de bois en chargement sur les débords et un embranchement réservé au transport de cailloux sont le signe d’une activité marchandises importante.
Il est 16h04 lorsque le chef de gare à la casquette aux étoiles or et argent donne le départ. Nous arrivons à Saulieu, haut lieu de la restauration française où des voyageurs descendent et montent, là encore des wagons de bois témoignent du trafic marchandises. Le bâtiment voyageurs et son typique abri de quai sont en restauration ; la belle et fraîche peinture ivoire et les plaques bleues émaillées aux lettres blanches donnent à la gare une véritable cure de jeunesse. Les lumières de l’autorail se sont allumées et la douce température intérieure confèrent à ce voyage une ambiance de bien être. Usager au quotidien dans le RER aux inconfortables Z 20500, j’en apprécie d’autant plus la qualité. Manlay, puis Dracy-Saint-Loup autrefois gare de bifurcation vers Epinac-les-Mines, me plonge dans l’insignifiance des choses, porté par le ronronnement et la transmission mécanique de l’autorail.
A l’heure prévue, l’autorail omnibus s'arrête à Autun où de nombreux voyageurs l'attendent pour continuer vers Etang-sur-Arroux. Olivier m’attend et Laurent a quelques minutes de retard, la circulation routière étant la cause de son inquiétante absence, sur le quai 1 de la belle gare d’Autun, à la façade recouverte de guirlandes lumineuses, prélude des fêtes de Noël.
Le lendemain je me rends pour le retour par les mêmes lignes, à la gare d’Autun, que les inconditionnels du PLM trouveront très belle avec son abris « parapluie » et sa petite rotonde.
La nuit fut glaciale et les traverses sont encore toutes givrées lorsque j’attends l’autorail TER pour Auxerre ; Jérôme, le jeune chef de service à la tenue impeccable, annonce le train 892618 à la gare de Saulieu, par le cantonnement téléphonique de voie unique assisté par informatique, le CAPI.
Deux minutes de retard sont annoncées ; c’est à 8h29 que je quitte la sous-préfecture de Saône et Loire par un temps qui s’annonce aussi superbe qu’hier.
Les deux minutes sont vites rattrapées par notre conducteur, le soleil se lève et caresse deux chevreuils un peu dérangés par notre petit autorail.
« Crains qu’un jour un train ne t’émeuve plus ».
Didier Leroy. Décembre 2001.
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