Histoire de Montcenis
MONTCENIS ...
ou L’Histoire d’un terroir de Bourgogne
du début de l’ère chrétienne
à nos jours
Déjà
aux temps celtiques la montagne dont nous ignorons le nom qu’elle
portait alors était un poste avancé des Eduens qui veillaient sur les
pistes où passaient sans cesse tous les marchands et trafiquants qui
allaient et venaient entre le marché de Cabillonum (Chalon sur Saône)
et l’oppidum de Bibracte.
Après
la conquête, Rome voulait protéger ses chemins, les voies romaines qui
reliaient les pays de l’Atlantique à ceux de la Méditerranée. Ses
légions bâtirent sur la Colline une forteresse de pierre.
Vers
l’an 1000, alors que les hordes de Hongrois, Sarrasins, Normands
déferlent sur la Bourgogne, Montcenis se souvient d’avoir été un poste
légionnaire. Il en relèvera les murailles et bâtira Châteauneuf à
l’emplacement du castellum romain que la charte de 1253 fera possession
du Duc de Bourgogne avec tout son environnement de villages (Village
de Dieu sous Montcenis, village du Crosot) et des finages et
dépendances des dits villages en hommes, terres, prés, bois...
C’est
le début d’une longue histoire pour Montcenis, devenue place forte de
Bourgogne avec ville marchande, forteresse et franchise. Mais la
prospérité a cédé la place aux temps mauvais avec la peste noire (1348)
« le Crôlement de terre » (1355) et avec l’armée de brigands et
routiers qui déferlent sur le pays. Ils disparaissent des environs de
Montcenis vers 1366 où l’on se contentait de monter bonne garde
derrière les murs de la forteresse qui disparaîtra en 1368 dans un
gigantesque incendie.
Mais
dès 1369 Philippe le Hardi en reprend la construction et en 1400 c’est
une forteresse redoutable qui protège la ville. En 1438 les écorcheurs
arrivent dans la région qu’ils pillent sans oser s’attaquer à
Montcenis. Ils ne furent chassés de la contrée que vers 1444.
En
1477 le Téméraire meurt sous les murs de Nancy. La Bourgogne n’avait
plus de maître, elle se donne au Roi. Mais elle se révolte bientôt
contre son pouvoir autoritaire et Montcenis entre dans la rébellion.
Mais après six mois de résistance à un siège implacable, la forteresse
tombera « à grande puissance de gens et d’artillerie ». Louis XI punit
Montcenis en y supprimant le Bailliage pour le réunir à celui d’Autun.
Mais
on reprend vite les habitudes d’antan, et l’on rétablit le Bailliage
sans l’autorisation du Roi. La citadelle retrouve son lustre. Les jours
s’écoulent sans trouble dans une Bourgogne devenue Française.
Voici
venues les Guerres de Religion, de 1560 à 1595 où Henri IV entrera à
Dijon . Notre région fut un terrain d’affrontement entre catholiques et
protestants. Montcenis qui n’avait jamais cessé de défendre la foi
catholique regardait la Bourgogne de la ligue se donner au Béarnais. Au
17ème siècle, Montcenis est une petite ville à l’allure
fière et aristocratique mais dont le sol ingrat est synonyme de misère
pour les gens qui le travaillent, accablés de charges et de redevances
de toute sorte. Dès 1628 et durant 15 ans, la peste a de nouveau envahi
la province et décime la population alors qu’il faut encore nourrir
les soldats. Le pays et ce qui reste d’habitants sont en bien piteux
état.
Pourtant dès le 16ème
siècle la Bourgogne était la terre privilégiée du fer. Autour de
Montcenis deux forges travaillaient alors. On travaille aussi la laine
et le chanvre, le bois génère aussi de nombreuses activités dont les
produits étaient vendus au marché de Montcenis. On coulait aussi le
verre mais cette industrie cessa en 1776 alors que déjà l’Abbé de
Salignac Fénélon, prieur de Saint Sernin du Bois avait rallumé les
forges de Bouvier et de Mesvrin. Il pensait que l’industrie pourrait
peut être apporter quelque soulagement dans les pays ingrats du
Bailliage de Montcenis et devient Maître de Forges mais connaîtra bien
des difficultés. Il céda son industrie le 26 avril 1776.
C’est
à cette même époque que François de la Chaise seigneur engagiste de la
Baronnie de Montcenis venait d’obtenir la concession des Mines déjà
exploitées depuis bientôt 2 siècles dans ce coin de Bourgogne. Mais
cette mine ne produisait plus pour beaucoup de raisons.
François
de la Chaise osa avec des méthodes et des gens venus d’ailleurs. Il
obtient pour 50 ans l’autorisation d’exploiter non seulement les mines
de la Baronnie mais aussi dans tout ce pays que forment la vallée de la
Dheune et de la Bourbince, celle du Mesvrin et celle de l’Arroux.
Il
développe son industrie, soutenu par les Etats de Bourgogne et touche
au but après avoir englouti toute sa fortune dans son entreprise et
connu bien des difficultés.
En
1768 il avait reçu à Montcenis l’envoyé du ministre du Roi et cette
visite devait fixer le destin du Creusot vallée perdue au milieu des
terres arides du Bailliage de Montcenis, pour en faire le berceau de la
Grande Industrie Française.
En
1776 De la Chaise cède sa concession alors qu’à la Forge d’Aisy sous
Rougemond près de Montbard c’est avec le charbon de Montcenis que l’on
effectue la première coulée de fonte au coke mais il faudra attendre
l’arrivée à Montcenis de Wendel, Wilkinson et Toufaire pour faire
surgir en 1782 l’idée du vaste établissement de la Fonderie Royale dans
le creux du vallon.
C’est
à la même époque que la répartition des Mines de Montcenis était
parvenue à MM. Lambert et Boyer en charge d’édifier à St Cloud une
manufacture où l’on coulerait le cristal à la façon anglaise. Mais ils
étaient entravés dans leur entreprise par la mauvaise qualité du
charbon qu’ils utilisaient. Connaissant la réputation des mines de
Montcenis et avec la permission du Roi, ils abandonnèrent St Cloud et
décidèrent en 1782 de venir s’installer à Montcenis où l’on vit surgir,
d’un coup, la Manufacture des Cristaux de la Reine.
Mais
la révolution de 1789 allait passer par là. Elle décapita Montcenis
qui semble-t-il n’en avait pas été un farouche défenseur et y perdit à
coup sûr beaucoup de ses forces vives.
Tout
était prêt maintenant pour que le Creusot soit érigé en commune dès
1793, laissant à la Montagne qui l’avait enfanté le soin de survivre en
des temps difficiles, dépouillée qu’elle était, de sa nouvelle
vitalité.
Durant des années, Montcenis vécut dans l’ombre du Creusot allant même jusqu'à oublier ce que furent ses « Grandes Heures ».
Aujourd’hui,
il vous invite à les redécouvrir avec lui au travers de son site, ses
paysages, ses vieilles ruelles, ses bâtiments chargés d’histoire.
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